« Lorsqu’elle est profondément ancrée dans la société et dans le territoire et qu’elle est fondée sur la compréhension et le respect de la diversité biologique et culturelle, l’architecture a le potentiel de devenir un vecteur de changements qui peut transcender les intérêts personnels et économiques et permettre au vivant humain et non-humain de mieux habiter la Terre. »
Programme de bourse-résidence en architecture
Voici donc la prémisse du nouveau programme de bourse-résidence en architecture lancé par la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement au cours de la dernière année. En plus de recevoir une bourse, le lauréat ou la lauréate sélectionné.e dans le cadre de ce concours annuel bénéficie d’une résidence de 3 semaines à la Fondation afin de développer un projet de recherche/création. Par ce programme, la Fondation entend soutenir des pratiques en architecture soucieuses de leur environnement et de ce qui y vit.
Pour l’année 2023, le jury a décerné le prix au duo composé de Sébastien Roy et Jérémie Dussault-Lefebvre. Ayant eu lieu au cours des trois premières semaines du mois d’août, leur résidence leur aura permis d’utiliser le bâtiment de la Fondation comme objet d’étude. Ainsi, ils ont imaginé la déconstruction et la reconstruction du bâtiment sous une forme alternative. Par le biais de cette proposition audacieuse, Roy et Dussault-Lefebvre mettent de l’avant l’idée que l’architecture d’aujourd’hui doit, plus que jamais, prendre en considération le bâti existant et la réutilisation des matériaux de construction.
Pavillon de la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement
Ceux qui ont déjà visité la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement ne seront pas étonnés par cette initiative. En effet, l’architecture fait partie de l’ADN de la Fondation depuis ses tout débuts notamment grâce au caractère exceptionnel de son bâtiment, autant sur le plan esthétique que fonctionnel. L’architecte Pierre Thibault a conçu le pavillon sur pilotis de façon à permettre différents usages (exposition, résidences, vernissages, etc.) tout en limitant son empreinte au sol et son impact sur l’environnement. Lors de la construction, un souci particulier a été accordé à la préservation des arbres. Au lieu de couper, on a préféré construire autour!
Crédits photos : Maxime Brouillet
L’architecte Pierre Thibault
Traversé par la forêt et ouvert sur le paysage grâce à son importante fenestration, le bâtiment traduit parfaitement la volonté de l’architecte qui était d’instaurer un dialogue constant entre le pavillon de la Fondation et son environnement. Cette relation symbiotique entre le construit et le paysage qui évolue au fil des saisons, Pierre Thibault en a fait sa signature. Il est reconnu à l’international pour ses résidences et ses bâtiments institutionnels toujours élaborés dans cet esprit.
Le grand public québécois a aussi connu Pierre Thibault grâce à son implication au sein du Lab-École. Cet organisme est le résultat d’une initiative interdisciplinaire menée avec Ricardo Larrivée et Pierre Lavoie visant à définir l’école de demain. Les habitants de Drummondville et des environs se souviendront sans doute de sa contribution au projet d’aménagement du site de l’ancienne Fortissimo. En 2018, il a signé le concept original du futur écoquartier à la suite d’importantes consultations publiques. Parmi ses projets les plus connus, on compte notamment l’Abbaye Val Notre-Dame, le Théâtre de la Dame de Cœur et le Musée des Abénakis à Odanak.
Tout au long de sa riche carrière, Pierre Thibault a également conçu de nombreuses installations éphémères bien ancrées dans le paysage, autant urbain que naturel. Ces constructions étonnantes et poétiques s’éloignent de la tendance strictement fonctionnelle qu’emprunte parfois l’architecture. Elles nous rappellent que Thibault, comme en témoigne ses nombreux cahiers de dessins réalisés à l’aquarelle, est avant tout un artiste.
L’atelier en mouvement, 2014. Installations à Tadoussac, Métis et Montréal.
L’exposition “Habiter le lieu”
Avec son approche singulière de l’architecture et de son historique auprès de la Fondation Grantham, il était naturel que Pierre Thibault et son travail fasse l’objet de la toute première exposition en architecture présentée à la Fondation. Jusqu’au 5 novembre, la Fondation invite le public à découvrir l’exposition Habiter le lieu. L’exposition rassemble des maquettes, des carnets de croquis, des dessins ainsi que des photos des installations éphémères et des maisons imaginées par Thibault.
Lesley Johnstone assure le commissariat de l’exposition. Dans un esprit prospectif, la commissaire et l’architecte ont également demandé aux finissant·e·s de l’École d’architecture de l’Université Laval d’explorer le site de Saint-Edmond-de-Grantham et de présenter leur vision de l’architecture à venir à l’extérieur du pavillon. Les expositions en architecture étant peu communes au Québec, il s’agit d’une occasion toute particulière de plonger dans l’univers d’un de nos grands créateurs et de réfléchir à l’impact que l’architecture peut avoir sur nos vies.
Claudel Lauzière Vanasse,
Chargé de projets à la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement
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